MARDI 21 AOUT, NEUF HEURES VINGT. FEAT DIMITRI.

Le matin. Sans sa dose de café, Alex pouvait être soit irritable, soit complètement dans le cirage et ce matin là, elle avait l’impression d’être un savant mélange des deux. Elle s’était réveillée pour la deuxième fois sans savoir où elle était et avait bien mit une minute à se rappeler qu’elle était entrée dans un jeu. Elle n’arrivait vraiment pas à s’y faire. Tout était plus étrange ici. La cohabitation ne lui posait aucun problème mais de part sa timidité naturelle, elle avait du mal à s’intégrer réellement, à coller au groupe. C’était un problème qu’il allait falloir qu’elle règle rapidement sous peine de se retrouver en marge des autres, ce qu’elle ne voulait aucunement. Quittant sa chambre en pijama, un short de sport et un tee shirt des chicago bulls, elle referma la porte doucement pour ne pas réveiller son binome du moment et avança droit sur un mur. Après réflexion, il était plutôt chaud pour un mur. Et après avoir ouvert les yeux elle se rendit compte qu’elle avait foncé droit sur un grand brun. Un très beau brun par ailleurs. Sans pouvoir s’en empêcher, elle observa avec une attention un peu trop soutenue ses abdominaux avant de se rendre compte de ce qu’elle faisait et de rougir violemment. « Hum. Désolée. » Observant le plafond plutôt que le jeune homme, elle s’éclaircit la voix avant de tendre sa main à l’aveuglette. « Alexa. »

Heureusement, il ne se moqua pas d’elle, ce qu’elle avait vaguement envisagé. Elle se serrait sûrement tordu de honte si cela avait été le cas. Autant elle avait l’habitude de vivre à moitié nue avec des femmes, autant elle pouvait compter sur ses doigts le nombre d’hommes qu’elle avait vu en petite tenue. C’était peut-être légèrement étrange vu son âge mais elle n’était pas spécialement du genre à se préoccuper de sa vie amoureuse, bien au contraire. Mais désormais, elle pouvait accrocher un prénom à ces tablettes de chocolat. Hum, à ce visage. Dimitri. Aucun doute, elle allait s’en souvenir. « Oh. » C’est tout ce qu’elle trouva à répondre, très intéressant. Un peu plus et on pourrait la traiter de grande bavarde, c’était certain. « Je n’ai pas l’habitude de croiser des hommes en … Enfin comme ça. » Elle agita faiblement la main vers lui, ses joues rougissant un peu plus encore. Pour ne pas avoir l’air trop stupide, elle se permit tout de même de poser les yeux sur son visage et de croiser les siens. Tout aussi impressionnants que ses abdominaux par ailleurs. Passant une main dans ses cheveux lâchés sur ses épaules, elle s’empêcha de se tortiller de honte ou de partir en courant. « Je ne t’ai pas fait mal ? » Vu qu’il était tordu de douleur, la réponse était assez évidente mais on ne sait jamais…

Il était vrai qu’au vu de sa propre carrure, elle n’avait pas du lui faire beaucoup mal. Elle était musclée mais pas au point de le blesser en lui rentrant dedans de bon matin. Elle esquissa un léger sourire à sa réponse et hocha la tête. « C’est vrai. » Pour le moment, Alex n’avait pas croisé un homme qui ne puisse pas se glorifier de ses plaquettes de chocolat. Et le fait qu’elle en ait déjà vu plusieurs la mettait presque mal à l’aise. La belle blonde se mordilla la lèvre en voyant que le regard de Dimitiri se faisait insistant mais se retint de rougir. Elle se savait plutôt agréable à regarder. Ce n’était pas de la vanité, simplement une constatation. Et elle s’était déjà assez montrée gênée pour la journée. Du moins c’était ce qu’elle pensait avant qu’il ne l’invite dans la salle de bain. Ses yeux s’écarquillèrent légèrement mais lorsqu’il lui attrapa la main elle suivit le mouvement sans même penser à rebrousser chemin. « Euh … » Autant dire qu’elle n’était pas le genre de fille à lui sauter dessus. « Quand tu dis plus ample connaissance tu penses bien évidemment à une connaissance qui ne nécessite pas d’enlever nos vêtements, n’est ce pas ? » Elle préférait clarifier les choses dès le début, hors de question qu’elle se déshabille avec lui dans une salle de bain. Ils y arrivèrent finalement et elle freina des quatre fers avant d’y pénétrer, l’obligeant à s’arrêter à son tour en retenant sa main. « Je suis basketteuse. Professionnelle, je joue à Chicago. Je suis capitaine. » Elle sortit ce qu’elle avait dans la tête sur le moment pour ne pas avoir à entrer avec lui. Avec lui et son boxer. Et ses magnifiques plaquettes de chocolat.

Elle avait totalement conscience d’être on ne peut plus ridicule et de devoir ressembler à une adolescente de quatorze ans à peine mais c’était plus fort qu’elle. Après tout ils ne se connaissaient pas le moins du monde et il lui proposait d’aller ensemble à la salle de bain. Il fallait avouer que c’était un peu louche tout ça. Alex se rendit très vite compte qu’elle n’était effectivement pas très discrète et que son hésitation était loin de passer inaperçue. Lorsqu’il mit les choses au clair, elle se sentit rougir et eut l’impression de repartir dix ans en arrière. Bon dieu qu’elle était ridicule. Si ça se trouve elle ne lui plaisait même pas, sa parano était au top niveau et ça n’allait pas du tout. « Désolée. » Elle s’excusa un peu pour tout, principalement pour l’avoir prit pour un gros pervers et finit par s’avancer à son tour dans la salle de bain. Alors qu’il se plaçait face aux lavabos, elle hésita quelques secondes avant de se jucher sur le marbre près des lavabos. Elle résista à l’envie de bouger ses jambes comme une gamine pendant à peu près trois secondes avant de se laisser faire lorsqu’il lui adressa de nouveau la parole après sa présentation un peu sommaire. « Et bien c’est désormais chose faite. » C’était vrai que les basketteuses n’étaient en général pas vraiment reconnues dans la rue. « Et je dirai depuis toujours à peu près ! » Elle esquissa un léger sourire avant de s’expliquer. « Disons que le sport ça a toujours été mon truc. Je ne jouais pas aux barbies, je grimpais aux arbres quand j’étais petite. Et comme j’étais déjà grande à l’époque, j’ai fini par me tourner vers le basket et c’est devenu ma vie. J’ai joué à Londres pendant un petit moment jusqu’à ce que Chicago me recrute. Et ça fait cinq ans que je joue là bas. » C’était un long discours. Très long même si l’on tenait compte de ses habitudes. « Et toi, tu fais quoi ? Et où ? » Questions habituelles mais il fallait bien y passer, non ?

Effectivement, la blonde avait pas mal voyagé le fait de certaines compétitions. Mais cela avait un total dépaysement que de passer de Londres à Chicago. Elle avait mit plusieurs mois à s’habituer au styler de vie très différent des Américains et aujourd’hui encore, il lui arrivait de s’étonner pour ceci ou cela. « J’aime beaucoup l’Angleterre. » Elle était persuadée qu’à leur naissance, les anglais développaient une sorte d’affection toute particulière pour leur patrie qui faisait défaut à toutes les autres. « Oui, Londres est une ville vraiment fascinante et je crois que cela restera mon premier amour. » Elle n’avait rien contre les Etats-Unis ou Chicago mais elle était née en Angleterre, y avait grandit et avait fait ses premiers pas là bas, au sens propre comme au figuré donc sans hésitation c’était bien Londres qui gagnait cette compétition. Si c’en était bien une. S’il avait sûrement répondu une dizaine de fois à cette question entre la veille et aujourd’hui, il n’en fit pas la remarque et lui avoua qu’il était soldat. « Le désir de servir sa patrie ? » Alex pouvait comprendre cela même si jamais ô grand jamais elle n’aurait pu s’engager dans l’armée. « C’est plutôt sympa. » La blonde lui adressa un sourire et remit une mèche de ses cheveux en place pour pouvoir continuer à l’observer. « Qu’est ce qui t’as fait t’engager ? » Pour sa part, elle connaissait un ou deux militaires et pensait qu’il y avait souvent une raison sous jacente à un engagement et un dévouement tel que celui des soldats mais elle n’était pas omnisciente. Vraisemblablement, le brun ayant terminé de se raser, il reposa donc le regard sur elle, regard qu’elle tint alors même qu’elle se mordillait la lèvre pour trouver quoi répondre. La vérité, bien évidemment mais elle se demanda tout de même quelques instants si la vérité toute nue était préférable ou non. « Disons que ce n’est pas facile. Pour moi. Je suis assez timide, du moins dans un premier temps et j’ai beaucoup de mal à m’intégrer à un groupe. Ca pose parfois quelques problèmes techniques comme ici. J’ai l’impression d’être … A part. » Commençant à rougir légèrement, elle détourna le regard et le concentra sur ses jambes qu’elle balançait dans le vide. Loin d’elle l’idée de s’apitoyer sur son sort cependant. « Enfin, ça va finir par venir. » Relevant les yeux, elle lui adressa un sourire plein d’une assurance qu’elle était loin de ressentir. « Et toi, comme un poisson dans l’eau ? » Il avait l’air parfaitement à son aise ici, c’était plus qu’évident.

S’il y avait bien une chose qu’elle appréciait dans ce jeu, c’était de rencontrer de nouvelles personnes avec des horizons bien différents. En venant ici, elle se rendait compte qu’elle vivait dans son petit univers qui était pratiquement à cent pour cent constituait de sportifs. Les longues discussions au coin du feu sur la politique des Etats-Unis sur les troupes en Irak, ce n’était pas vraiment son quotidien. Mais c’était aussi intéressant de découvrir de nouvelles choses. Dimitri semblait ouvert et très avenant et cela se révélait étrangement agréable de passer du temps en sa compagnie. Sa peur et sa timidité initiale lui semblaient un peu ridicules à présent. « Tu n’as pas échappé à ton destin. » L’environnement militaire devait être quelque chose de très spécial parce qu’en général, cette envie de servir son pays se transmettait de père en fils. Et plus récemment de père en fille. « Mais ça a quelque chose d’héroïque. Au nom de toute la belle patrie d’Amérique je te remercie donc pour nous garder en sécurité. » Lui adressant un grand sourire mielleux, elle se mordilla ensuite la lèvre pour ne pas rire. Elle ne tournait pas l’armée en ridicule mais il était vrai qu’elle n’était pas forcément d’accord avec toutes les décisions. « Désolée, déformation anglaise. » Elle n’avait pas tout à fait perdue la main pour ce qui était d’enfoncer les Etats-Unis.

Son moment d’auto-appitoiement ne sembla pas faire fuir Dimitri à toute jambe, aussi releva-t-elle le regard pour l’observer avant de rougir violemment. D’accord, elle avait l’habitude, sans vouloir se vanter, qu’on la complimente sur son physique mais n’arrivait pas à s’empêcher de rougir à chaque fois. Elle murmura un vague merci avant de secouer la tête doucement. Elle n’en était pas non plus à éconduire tous les hommes qui s’approchaient d’elle. Lorsqu’il lui avoua que son sourire était charmant, elle ne put s’empêcher de l’agrandir. « Merci. » Elle se mordilla la lèvre avant d’ajouter « Le tien n’est pas mal non plus. » Elle se sentait presque obligée de lui rendre la pareille mais elle n’avait pas menti, Dimitri était un très bel homme avec de nombreux atouts physiques.

Alex hocha la tête lorsqu’il affirma avoir l’habitude de vivre en communauté. « Je comprends, j’ai l’habitude aussi mais en général ce sont avec des gens que je connais par cœur. Mais c’est sympa aussi, de rencontrer de nouvelles personnes. » Elle le gratifia d’un léger sourire avant de sauter à terre. « On va déjeuner ? » A présent qu’il s’était rasée, la jeune femme espérait pouvoir gagner la cuisine et satisfaire son estomac qui commençait à se faire entendre.