En me réveillant en plein milieu de la nuit, je me suis retrouvé allonger à moitié sur Dawson, ou Dawson à moitié sur moi.. C'était compliqué, je ne pourrais pas expliquer notre position, mais je me suis sentie horriblement mal. Ma peur de filles refaisant surface très vite. J'ai alors réussi à sortir du lit sans faire de bruit et sans la réveiller, chose que je ne pensais pas réussir à faire par ailleurs ! Je me suis alors déplacé doucement dans la maison, en mode espion ou cambrioleur, c'est à voir. Je suis sortie ensuite dehors et je me suis installé sur l'un des nombreux poufs qui se trouvent dans le jardin. Il fait bon qui plus est et avec la chaleur, ça ne peut que me faire du bien ! Je pourrais très bien plonger dans la piscine, mais à quatre heures du matin, je ne suis pas sûr que ce soit une très bonne idée en fait de compte. Je ferme alors les yeux quelques minutes, avant d'entendre quelqu'un. Je le reconnais, Leeven, celui du canapé. Il a pas l'air de très bonne humeur, d'ailleurs. « Si tu as envie de frapper quelqu'un, épargne-moi, ce serait gentil. » Je lui souris, me relevant alors légèrement pour le regarder.

Dans cette baraque, première nuit semblait rimer avec masse de difficultés. Et de prises de tête. Tout ce que Leeven détestait, de ces atmosphères qu’il préférait esquiver le plus souvent dans sa vie de tous les jours : et c’était dans ces moments-là que la réalité se faisait imposante. Il était dans une maison, de quelques centaines de mètres carrés, avec l’impossibilité d’en sortir, que ce soit pour aller courir un coup, ou se balader au bord de la plage ; de ces deux activités qu’il faisait généralement pour se vider l’esprit. Prisonnier, voilà ce qu’il était, avec vingt-trois inconnus, un programme déjà bien rempli et une demoiselle attitrée pour lui tenir compagnie. Pour ainsi dire, s’il avait trouvé un peu plus tôt que l’aventure démarrait à toute vitesse, ce n’était qu’à présent, au milieu de la nuit, un brin de colère bouillonnant encore dans un coin de son esprit, qu’il se rendait compte de toute l’ampleur de la chose. Hasardeux, ses pas l’avaient guidé à l’extérieur : tout le monde ou presque dormait maintenant, l’agitation s’était tue et Leeven comptait bien en profiter pour penser à autre chose : et essayer d’appréhender ses dernières heures de sommeil avec sérénité. Mais alors qu’il arrivait aux abords de la piscine, il comprit qu’il n’était pas seul lorsqu’une voix l’apostropha. Par réflexe, il leva les yeux vers son interlocuteur imprévu, n’étant guère surpris de son identité. C’était Hadès, alias le deuxième ‘chanceux’ qui avait eu droit à sa dulcinée attitrée ce soir. Esquissant un léger sourire à sa remarque, le jeune homme haussa les épaules, le rejoignant sur un des poufs voisins de l’endroit où il était. « Je crois que ce serait plutôt mal vu. » Plus encore sachant que l’objet de sa colère était une fille, petite brune fluette au sale caractère. Leeven soupira, chassant Aileen de ses pensées, levant le ciel vers les étoiles qui scintillaient bien plus haut. « Sacrée soirée hein… » Et au moins, il savait qu’Hadès connaissait les mêmes déboires que lui ; assez pour partager son avis en tout cas.

Ca me fait du bien de prendre l'air dans le jardin, tranquillement et seul. Après tout, vu l'heure qu'il est, c'est normal que tout le monde dorme. D'ailleurs, flemmard que je suis, je devrais dormir encore maintenant et ne me réveillé que tard dans la mâtiné. Mais on dirait bien que cette maison change beaucoup de choses et toutes les habitudes, qui plus est. C'est alors que Leeven fait son apparition dans le jardin, l'air énervé. Il se tourne vers moi et vient me rejoindre sur l'un des poufs à côté de celui où je me trouvais. Je souris à ses paroles, hochant légèrement la tête. C'est clair que s'il me frappait, avec toutes les caméras qui nous filment tout le temps, ça le ferait moyen. « Ca tu l'as dit, je ne pensais pas qu'elle se passerait comme cela.. » Je soupire légèrement. Sachant que je pensais arriver célibataire et non pas être directement en couple avec une personne que je connais à peine. Je tourne la tête vers Leeven, un sourire aux lèvres. « Enfin, d'après ce que j'ai vu, le moins chanceux de nous deux, c'est quand même toi. » Surement, étant donné que sur le plateau ils s'envoyaient déjà des pics et Caroline voulait le tuer. Reste à savoir si cela s'est arrangé, ou pas.

Prendre l'air avait été instinctivement la meilleure solution que Leeven avait trouvé pour se vider la tête. Mais c'était loin sans penser qu'il allait croiser un nocturne comme lui. Même les plus gros fêtards affichés d'entrée avaient peu à peu commencé à aller voir ailleurs pour se reposer un peu. La soirée avait été riche en émotions mais voilà qu'au moment propice pour se vider la tête, Leeven se retrouvait à se prendre la tête avec une parfaite inconnue ; et sans raison réellement apparentes : tout pour bien l'énerver, pour sûr. Mais la simple présence de Hadès avait suffi à Leeven pour ravaler la dose de colère qui le taraudait depuis de longues minutes. Assis, à observer les étoiles presque invisibles, et malgré toutes les rencontres sympathiques qu'il avait pu faire ce soir, il savait très bien que son interlocuteur du milieu de la nuit était probablement le seul capable de comprendre la difficulté du début de l'aventure : enfin, du tournant tout à fait spécial qu'avait pris la sienne. Ils partageaient le même handicap - à l'humble avis de Leeven - de se retrouver déjà plongés dans des masses de difficultés, des histoires de binôme dès leur entrée dans la maison. Il ne put cependant pas retenir un ricanement amer aux paroles de son interlocuteur : ça, pour sûr c'était totalement imprévu. Quoique, prévisible d'une part : c'était fait de ça les émissions de télé-réalités, de quelques bonus, de quelques "cadeaux" mais de là à ce que ça leur tombe dessus au milieu de tous les candidats inscrits à cette émission ? Il faut croire qu'ils avaient quelque chose de particulier pour mériter un tel traitement. Son regard azuré tomba sur Hadès à côté de lui, et avec un brin d'ironie, il arqua un sourcil : « Qui sait, peut-être qu'on part en se faisant plus remarquer que les autres... ça peut-être pas mal aussi. » Il soupira légèrement, indécis : encore une fois, oscillant avec l'attitude de Caroline, son incertitude continuait de le torturer. Est-ce qu'il était bien loti, ou, au contraire, totalement dans la merde ? C'est sans savoir qu'il accueillit les paroles de Hadès. « Hm... finalement ça va. Elle est plutôt sympa. Mais ça reste bizarre d'appréhender l'aventure comme ça. » Il resta dans ses doutes quelques secondes, avant de reprendre la parole, désireux de savoir ce qu'il en allait des deux autres "en couple" : « Et alors toi, tu t’estimes chanceux c'est ça ? » C'est vrai que le binôme du jeune homme était plutôt jolie, rousse, et semblait avoir le contact facile : elle n'avait après tout pas hésité à lui parler à lui aussi sur le plateau, c'était toujours mieux que quelqu'un de timide.