Heureusement pour la belle qu’elle avait l’habitude de ne dormir que très peu, avec son travail, car sinon, je ne vous dis pas ! Son colocataire dormait à poing fermé, tandis qu’elle était perdue dans ses pensées. L’atmosphère était si chaude, quelle avait l’impression d’étouffer. Elle avait des bouffées de chaleur, et n’osait pas ouvrir la porte pour ne pas réveiller Galaad. Dire qu’elle était dans le lit d’un homme qu’elle ne connaissait que depuis quelques heures et qu’elle n’avait qu’un verre de champagne dans le sang. Elle avait eu de la chance de tomber sur un gars qui semblait respecter les femmes, car sinon, elle aurait dû sortir les griffes. Bref, à rester là à ne rien faire puis à trop réfléchir, elle commença à avoir un petit creux. N’ayant pas mangé par stress avant de faire son entrée sur le plateau de l’émission, elle était en manque, et son ventre ne tarderait pas à gargouiller. Vêtue d’un top et un petit short pour cette première nuit, elle descendit direction la cuisine. Elle tenta de ne pas trop se faire remarquer et pénétra dans ce lieu qui était vide et bien calme. Elle prit une pomme, la rinça et croqua dedans à pleines dents. Elle aimait le silence qui régnait dans cette pièce. Soudain, il fut brisé par l’arrivée d’un beau brun du nom de Leeven qu’elle avait vu discuter plus tôt avec Dimitri dans la soirée quand elle avait fait la connaissance de ce dernier. Elle ne savait pas pourquoi , mais le rire amer du jeune homme la mit tout de suite mal à l’aise. Elle n’aimait pas les Don Juan..ou pas tous, et surtout pas quand il savait qu’ils étaient des sex-symbols et s’y croyaient trop… Ce qui risquait de rendre leurs relations tendues, car elle sentait qu’il faisait partie de ce type de personnes. « C’est bien ça.. Moi qui pensais que tu étais bien trop occupé à regarder et sourire aux femmes, pour t’en souvenir..je suis étonnée Leeven. » Elle sourit en le fixant, avant de retourner à sa pomme. Ca commençait bien …

D’habitude la belle hôtesse de l’air était rarement autant sur la défensive, mais ce soir les choses étaient vraiment différentes, ses émotions s’emballaient. En effet, elle était du genre très ouverte, toujours souriante et pétillante. Puis elle ne jugeait pas les gens dès leur rencontre, elle aimait en apprendre plus, les observer avant de les ranger dans n’importe quelle catégorie. Pourtant ce soir, quelque chose la faisait réagir au quart de tour, en laissant ses sentiments prendre le dessus. Ça avait commencé par l’annonce de sa participation à cette nouvelle aventure, avant tout stressée, la joie avait rapidement envahit son corps, ses yeux avaient brillé de mille feux, son cœur battit à tout rompre, et un sourire immense sur le visage, elle avait tenté de ne pas trop trembler. Puis ça avait continué, avec un sentiment d’étouffement une fois que tous les invités étaient entrés dans la maison, comme si elle était dépassée par les évènements, et ainsi de suite. Jusqu’à ce moment où sans comprendre, il l’agaçait et elle le jugeait sans même le connaître. C’était comme physique. Cependant, elle savait que personne ne méritait d’être jugé si rapidement. C’est pour cela qu’elle voulut s’excuser et revenir sur son comportement, mais le jeune homme ne lui en laissa pas le temps. Elle ouvrit la bouche mais aucun mot ne franchit la barrière de ses lèvres. Elle était comme paralysée par le fait qu’il venait de s’asseoir à ses côtés, et émit un nouveau ricanement bien plus déstabilisant. Il lui répondit du tac au tac, manquant encore un peu plus de tact. Se fichait-il d’elle ne l’appelant Tiger ? S’il continuait, elle allait vraiment sortir ses griffes. D’accord il avait raison, elle l’avait peut-être mal jugé même si elle était plus douée normalement. Mais ne le méritait-il pas ? Et voilà qui lui avoue au creux de l’oreille lui avoir aussi souri. Son souffle aussi proche de son coup..arff… L’horreur ! Elle se releva et lui jetant un regard détaché répondit sur un ton plus qu’ironique : « Oh mon dieu si tu savais comme je suis flattée » puis elle alla se servir un verre d’eau fraîche, avant de revenir vers lui et de reprendre à voix basse : « Malheureusement pour toi, les gens dans ton genre ne m’intéressent que très peu..Puis si je me suis trompée sur ton compte…qu’attends –tu pour me le prouver ? » Elle se pinça la lèvre inférieure avant de lâcher un petit rire pour l’ébranler. Elle aussi savait être provocatrice. Allait-il agir? Telle était la question.

Oui, elle lui lançait une sorte de défi, un défi pour lequel elle était prête elle aussi à jouer. Céder face à un bel homme dans son genre aurait pu être une option à un moment de sa vie, mais ce n’était définitivement pas celle pour laquelle elle opterait ce soir. Elle savait que jouer à un de ces jeux là avec un homme c’était comme jouer avec le feu, mais elle n’avait pas peur de se brûler. Puis il semblait que lui non plus n’aie peur de rien. Alors à quoi bon refuser de jouer, alors que dans cette immense maison il pourrait devenir une attraction intéressante. Puis mettre du piment dans certaine relation, jouer, et vivre cette aventure à fond valait le coup, car elle pourrait peut-être se faire des fans . Oui, il lui arrivait de penser à cela, mais aussi aux moments de solitude qu’elle risquait de vivre, et c’est avec de telles pensées que jouer à ce jeu valait la chandelle. S’éloigner du jeune homme avait été une chose dont elle avait rapidement mis fin, pour revenir de plus belle, armée de courage, d’envie et de force de caractère. Il la laisserait de marbre à présent c’est l’objectif qu’elle s’était fixée, jusqu’à ce qu’elle découvre une autre facette de lui qu’il le veuille ou non. Elle lui tiendrait tête sans faillir, elle le tenterait s’il le faut pour le faire craquer, mais il était hors de question qu’elle perde la première. Tant pis si elle se brûlait les ailes, c’était la vie et un risque à prendre.
A son tour elle l’écouter se fichait d’elle, et lui dire que ça ne valait pas la peine de tenter de prêcher une convertie. Elle ne baissait pas son regard, le fixant bien plus intensément, et s’interdisant qu’il lise dans son regard. Ces dires ne prouvaient-ils pas qu’elle avait eu raison sur toute la ligne en ayant classé cet homme dans cette catégorie de sex-symbols qui n’en valaient pas la peine. Un sourire niais et totalement faux illuminait le visage de la brune qui riait intérieurement. En valait-il vraiment la peine ? On le verrait bien au cours de l’aventure. Son visage n’exprimait aucun sentiment quand il s’adressait à nouveau à elle pour la faire tilter qu’elle était déjà accro à lui, mais il se trompait. Pourtant les sensations qui la prenait par les tripes faisant naître un sourire amusé montraient bien le contraire. Elle soupira, et passa une main dans sa longue chevelure brune : « Alors ne tente rien, tant pis . Ca m’est égale, j’ai bien mieux à faire de toute manière. » Prenant plaisir à lui tenir tête, elle reprit de plus belle, mais après quelques minutes : « hum… Si tu en viens à penser cela très cher, c’est que tu es bien plus bête que ce que je ne l’imaginais. Jamais un homme comme toi ne me fera l’effet dont tu me parles…Car contrairement à certaines, je ne joue pas l’intouchable avec des mecs dans ton genre, je le suis. Si tu aimes ce type de filles, tant mieux pour toi, moi elles m’agacent à se montrer plus faibles que ces pauvres hommes. » Avec un faux sourire, elle se décrocha de ses yeux noisettes pour laver son vers dans l’évier. Oui d'ailleurs, elle voulait tellement se montrer distante et in-intéressée qu'elle était sur le point de quitter cette cuisine.

Entre elle et Leeven tout avait commencé par quelques petits piques envoyées par-ci par-là, et voilà que ce qui n’aurait dû être qu’un jeu, se transformait en véritable agacement. Oui, il l’exaspérait au plus haut point, et il faut dire qu’après ce qu’elle venait de lire, ce n’était pas la meilleure chose à faire. Elle aurait pu avec les dernières paroles du jeune homme lui mettre une gifle, mais elle n’était pas cette fille détachée qu’elle laissait paraître ce soir. Une fois de plus, elle se cachait derrière un masque pour ne pas trop souffrir, alors que son cœur était déchiré. Ses pensées étaient diverses, et confuses. Certaines étaient des remarques qu’elle aurait pu renvoyer au jeune homme en pleine face, plus acerbes les unes que les autres, tandis que d’autres étaient simplement des excuses pour calmer le jeu un minimum et ne pas tout casser en un claquement de doigt. Les mots du jeune homme résonnaient dans son esprit, ils la blessaient. Pourtant ce qui lui faisait encore plus mal étaient ceux de sa mère, et elle aurait pu en pleurer sur le champ « Ma chérie, Je sais que j’aurais dû te le dire avant ton émission, mais je suis gravement malade…et tout comme mamie, je n’ai que 10 chances sur 1000 pour m’en sortir… » Pourquoi avait-il fallut que sa mère lui mente la faisant rentrer dans cette aventure, alors qu’elle aurait pu être au près d’elle pour l’aider à combattre sa douleur et sa peine, et se battre face à la mort. Maintenant c’était trop tard, elle était dans un jeu, sa mère en Asie à des milliers de kilomètres et elle ne pouvait que faire bonne figure et se battre pour elle. Vous comprenez maintenant pourquoi la douce était irritable ce soir. Bref, elle ravala sa souffrance avec bien des difficultés et revint à la réalité, quand Leeven la bloqua pour prendre les devants et quitter sa cuisine. Non, la conversation ne pouvait pas finir de cette manière, et même si elle l’avait cherché, et qu’elle le méritait surement, elle devait faire le premier pas pour calmer le jeu. La belle brune après une grande respiration pour lui donner du courage , attrapa son bras avec une force sortie de nulle part pour l’obliger à rester. Oui mettre sa fierté de côté n’était pas dans ses habitudes, mais elle savait reconnaître ses torts quand elle en avait. D’une voix plus douce et fragile que précédemment, car elle était elle-même, elle lui dit en plongeant son regard dans l’océan de ses yeux « Je suis vraiment désolée, je n’aurais jamais dû m’emporter aussi vite… Tu ne le mérites pas. » Elle marqua une pause, alors que son regard révélait un peu plus qui elle était vraiment : une fille avec qui le destin jouer, pour tester jusqu’à quel moment elle tiendrait avant de sombrer face à tant de pertes. « J’ai été idiote, acerbe et je n’aurais jamais du te sortir toutes ces crasses, dont je ne pense pas les mots…. J’ai passé une horrible soirée et c’est malheureusement sur toi que j’ai déversé ma colère. J’en suis désolée… » C’était vraiment une soirée de merde , et elle savait que si ça continuait ainsi, elle ne pourrait pas bien longtemps contenir ses larmes qui venaient de se loger dans ses yeux, les faisant briller intensément. Elle qui était d’habitude si attentive, si douce et qui aimait apaiser les tensions n’avaient fait qu’en être à l’origine, et elle voulait réparer ses erreurs. « J’espère que tu me pardonneras, et me donneras la chance de repartir du bon pied avec toi, malgré tout… » Elle soupira. Sur ce coup, elle avait vraiment décroché le trophée de la peste de l’aventure, alors qu’elle avait juste essayé de se protéger, pour ne pas qu’il voit ses faiblesses. « Qu’on puisse toi et moi repartir de zéro et oublier cet épisode plus que fâcheux. Pour que tu puisses voir de toi-même qui je suis réellement, et non pas cette fille qui ne laisse de chance à personne, et les juge avant même de les connaître. » Elle ne savait pas si il serait prêt à lui laisser une telle chance. Pourtant, elle qui voyait toujours le bon en la personne et oubliait tout ce qu’il avait de plus mauvais, ne le méritait peut-être pas sur le coup. Et elle devrait donc en assumer toutes les conséquences, et elle s’en sentait prête. Ce serait tant pis pour elle. Quel que soit son choix, elle l’accepterait et le laisserait partir. Voyant qu’elle le tenait encore, elle lâcha son emprise. Son visage exprimait parfaitement ses sentiments, elle était désolée. Elle regrettait ses dires, ses gestes, elle se haissait pour tellement de raisons ce soir qu’elle en avait envie de vomir. C’était certain, elle ne dormirait que très peu ce soir, si il ne lui pardonnait pas. Elle fit deux pas en arrière, avant de finir : « J’ai fini si tu veux y aller…et encore pardon » Elle n’arrivait pas à détacher ses yeux des siens, de peur de craquer une fois que cela serait fait.